[roman fantastique: La Monarchie des Légendes]

J'adore la fic à Prisou-chan

elle est trop géniale ( mode hystérique on)
il faudra que tu me dises quand il serra publié ton livre^^

Merci beaucoup pour vos encouragements, ils me touchent...

Allez, un ch'tit chapitre!

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Rinstri


J'étais de plus en plus perplexe: cette fille était vraiment un être compliqué! Pourquoi se bornait-elle à ne pas me croire? Etait-ce une manie chez elle ou quoi? Je la détaillai pour la première fois. Elle était un peu plus petite que moi, ses longs cheveux noirs lui arrivant au milieu du dos; ses yeux étaient d'un bleu très pâle, à la limite du gris, mais je les trouvai jolis. Son visage était plutôt rond, et elle avait le teint légèrement bronzé. Elle avait une silhouette que je qualifiais de "normale", à savoir pas trop fine. Elle était vêtue d'un maillot sans manches vert, d'un pantalon en toile bleu ample au niveau des mollets et de chaussures qui m'étaient inconnues, avec des espèces de ficelles sur le dessus.
Parce qu'elle était une fille, elle avait de la poitrine, pas imposante, certes, mais d'une taille raisonnable. Durant tout le temps que j'avais passé chez les elfes -qui restent éternellement des enfants- je n'ai jamais noté la présence de volume au niveau du torse, que ce soit pour les filles ou les garçons. Etait-ce dû au fait qu'elle était humaine? Cela m'intriguait et produisait chez moi un drôle d'effet, comme une certaine attirance. Etrange...
Nous étions finalement arrivés au village des fées. En nous en rapprochant, je notai qu'il était inhabituellement calme. J'avais un mauvais pressentiment... c'est à ce moment-là que je perçus le sifflement. Son intensité sonore était croissante... quelque chose se rapprochait de nous à toute vitesse! Je pris la fille par la main.

-Mettons-nous à l'abri, un objet inconnu se rapproche!

Elle me répondit d'un simple hochement de tête. Nous nous dissimulâmes tous trois -n'oubliez pas Dick- derrière un chêne imposant, et dont le tronc était si large que deux personnes enroulant leurs bras autour n'auraient pas réussi à se rejoindre du bout des doigts. Une fois à l'abri, nous n'eûmes pas besoin d'attendre longtemps: la chose avait pour cible le village des fées et s'y écrasa. Le choc entraîna presque immédiatement un incendie qui se propagea rapidement, consumant au passage les huttes. Les flammes rougeoyaient, léchant le toit des maisonnettes avant de les engloutir. La fille semblait horrifiée, elle me lâcha la main et se releva promptement. Elle n'allait tout de même pas... si, elle se dirigeait vers le village encore ardent. Je me redressai à mon tour et la retint de justesse par le poignet.

-N'y va pas! C'est trop dangereux!

-Tu m'as bien dit que des fées vivaient là-bas, doit-on les abandonner à leur sort? Moi je le refuse!

-Non, tu te trompes. Elles n'y sont probablement plus.

-Comment? Tu m'as conduit ici pour rien?

-Mais non! Ce que je veux t'expliquer, c'est que les fées ont dû partir après avoir senti le danger. Je t'ai dit que les masculines pouvaient lire l'avenir comme le passé. Elles ont certainement vu ce qui allait se produire et ont pris la fuite, dans l'espoir de trouver refuge chez les elfes.

Mon interprétation parut la convaincre, elle renonça à l'idée de secourir le village.

-Mais que fait-on pour les habitations?

Avais-je parlé trop vite?

-Le temps se couvre, laissons la pluie arranger cela.

-Mais...

-De toute façon, la coupai-je, nous ne pouvons rien y faire, nous n'avons aucun moyen pour arrêter cet incendie, alors tenons-en nous là et allons chez les elfes.

Elle ne fit pas d'autre commentaire, et se contenta de me suivre. Comme je l'avais prévu, il se mit à pleuvoir. Nous ne cessions pas pour autant de marcher. Je vis bientôt qu'elle était trempée jusqu'aux os, aussi nous fîmes halte dans le creux d'un tronc percé, à l'abri du crachin. Nous étions un peu à l'étroit, néanmoins nous n'étions pas collés les uns aux autres. Dick se blottit contre mon cou dans le but de se réchauffer, étant donné qu'il était lui aussi frigorifié.

-Heu... avec tous ces événements, j'ai oublié de te demander ton nom...

-Ah, tiens c'est vrai. Moi c'est Nadia.

Elle me l'avait dit avec son plus beau sourire, aussi -et je ne sais pas très bien pourquoi- je sentis que mon visage prenait une teinte écarlate.

Vais tro bien

Halli hallo, le récit (ou plutôt sa publication (waw de suite les grands mots ^^)) avance à son rythme
Enjoy, comme dirait l'autre.

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Jock


J'arpentai les couloirs du palais d'un pas pressé, mon Maître m'avait fait demander de toute urgence, ce qui n'était pas dans ses habitudes. Cela m'intriguait et ne voulait dire qu'une chose: tout ne s'était pas déroulé comme prévu. Mon nom est Jock, lutin illusionniste, espion et bras droit de sa Seigneurie, le tout-puissant Tenebricosus. Vous connaissez déjà? Fort bien, vous avez raison. Après tout, n'importe qui de sensé Le connaît, au moins de par sa réputation, et puisque vous faîtes partie de ces gens-là, je vous en félicite, mais reprenons. J'accélérai l'allure, il valait mieux ne pas Le faire attendre. Alors que j'atteignais la porte, un esclave fantomatique sortit de la salle, me jeta un oeil de son regard vide, le visage en partie dissimulé par la capuche de son vêtement. Il finit par s'en aller, non sans me traverser au passage, chose désagréable que je ne supportais absolument pas. Sentir cette espèce de courant d'air glacial vous passer à travers le corps... il y a de quoi faire frissonner un mort!
Je repris mon calme, me forçant à chasser de mon esprit ce fâcheux incident -quoiqu'il arrive, je retrouverais ce serviteur à qui il manquait les bonnes manières, et quand nous serions face à face, il verrait ce qu'il en coûte d'importuner le second de Maître Tenebricosus...- avant d'ouvrir la porte de la résidence personnelle de sa Sainteté -non sans difficulté, je l'avoue, car mesurer cinquante-sept centimètres de haut n'est pas tous les jours facile, croyez-moi- et d'entrer à pas feutrés. Il était là, affalé sur son trône, en piteux état.
Nous l'avions ramené -bien que le terme invoqué soit plus exact- de la dimension démoniaque, mais malgré le sacrifice humain que je Lui avais offert, Il demeurait faible. Tout cela était dû au fait qu'Il avait désiré diriger Lui-même les missiles vers le village des fées, car Il doutait des compétences de ses esclaves -on Le comprend, une fois qu'on a vu leur stupidité sans bornes...- et cela l'avait épuisé. Il avait les yeux fermés, si bien que je crus durant un moment qu'il dormait, mais j'avais tort.

-Jock? Approche je te prie.

Je m'exécutai. Vu de loin, on pouvait Le prendre pour un amas de tissus, mais en s'approchant, on constatait qu'il n'en était rien. Pas de mains, pas de pieds dépassant de son aube grise. Son visage était la seule partie visible de son corps, le reste était recouvert d'étoffes. Son vêtement était long et ample, avec un col relevé qui enveloppait le bas de sa figure jusqu'au niveau du nez, les manches moulantes indiquant la forme de ses avant-bras, mais qui devenaient amples à partir des coudes -les manches, hein? Pas les avant-bras! Son habit s'ouvrait où aurait dû se trouver son estomac, et nous permettait de voir Sa constitution interne: le néant, un trou béant, capable d'aspirer quiconque s'en approchait de trop près. Une cape d'un rouge bordeaux était attachée autour de son cou, qui couvrait ses épaules pour ensuite descendre le long de son dos avant de s'arrêter aux hanches, enfin la bordure était en dents de scie. Il portait également un chapeau pointu en feutre noir, qui ne laissait passer qu'une fine mèche de cheveux de couleur dorée. Il avait le teint cadavérique, des pommettes saillantes, cela à cause de son état de faiblesse. Il avait ouvert les yeux et me fixait de son regard strict, ses pupilles d'un rouge sanguin fixes, mais lesquelles n'avaient rien perdu de leur vivacité.

-J'ai une mission à te confier, mon cher Jock...

Raaaa, c'est trop bienn T_T

comment tu fais pour avoir un tel sens du récit

Ca fait déjà un bon moment que je l'écris... donc les idées son assez claires, on m'a déjà dit que j'avais pas mal d'imagination, ça joue peut-être également... j'écrit mon roman depuis... bah un peu plus de 5 ans maintenant, et actuellement je le "réecris", puisque mon style d'écriture a évolué depuis, de même que mon style de dessin, j'ai recommencé certains dessins de mes personnages... ce que je vous publie, ce tome 1, est la version que je réecris actuellement. Je n'ai pas toujours le temps d'écrire, surtout à cause de mon emploi du temps, mais dès que j'ai un petit peu d'inspiration... voilou ^^

Up!

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Nadia


La pluie avait finalement cessé. Je m'extirpai de l'abri et me relevai, ensuite imitée par Rinstri.

-Allons-y, annonça-t-il.

Nous étions de nouveau en route. L'incendie du village me tracassait toujours. Quelqu'un avait expédié de puissants projectiles -peut-être même des explosifs d'origine "humaine", je n'avais pu voir à quoi ils ressemblaient exactement- et ceux-ci au contact du sol avait libérés une importante déflagration... mais qui était cruel au point de commettre un acte aussi inhumain? Mon guide remarqua que j'étais tourmentée, il engagea de nouveau la conversation.

-Qu'est-ce qui ne va pas?

-C'est au sujet du village... à ton avis, qui a pu faire une chose pareille?

-Je n'en suis pas certain... mais il se peut qu'il s'agisse de Tenebricosus.

-L'esprit des ténèbres? Pourquoi aurait-il...

-Je n'en ai pas la moindre idée, me coupa-t-il, de toute façon...

Il laissa sa phrase en suspens. Il s'était interrompu, et fixait le sol d'un air abasourdi. Je regardais ce qui le perturbait, et menaçai de m'étrangler: un immense gouffre nous faisait face, on n'en voyait même pas le fond. Et dire que si nous avions continué de parler, nous y serions tombés...

-Ce n'est pas normal... je connais la forêt impériale comme ma poche, je n'ai jamais décelé la moindre existence de précipice... reprit-il.

-Bah! Il a probablement dû échapper à ta vigilance! Contournons-le.

-Tout de même...

C'est à cet instant précis que j'entendis distinctement le craquement d'une branche. Rinstri se tut, moi aussi. On n'entendait pas un son, aucun chant d'oiseau, comme si ce lieu était soudainement devenu muet. Ce silence m'inquiétait de plus en plus... je perçus un grondement dans mon dos, je me retournai d'un geste brusque, mon compagnon de même... et nous nous retrouvâmes nez à nez avec une étrange créature. A première vue, elle ressemblait à une lionne, mais en y regardant de plus près, je remarquai qu'elle était dotée d'attributs plutôt inattendus: une queue de scorpion remplaçait l'habituelle queue touffue de ces félins, et deux longues dents de morse dépassaient de sa gueule, pointues telles des dards de guêpe. "L'animal" restait assis, impénétrable, et nous fixait sans ciller. Instinctivement, je reculai d'un pas. Mon geste attira l'attention de la bête, qui se releva presque aussitôt. Elle ne m'inspirait pas confiance, et j'aurais donné n'importe quoi pour me trouver à des kilomètres d'ici.

-Fichons le camp, suggérai-je d'un souffle.

Les oreilles du monstre frémirent, comme si elles avaient compris mes paroles. Je m'éloignai encore d'un pas, puis d'un autre, très lentement, Rinstri faisant de même. La créature nous imita, progressant au même rythme que nous, comme si elle voulait jouer... raison de plus pour mettre la plus grande distance possible entre cet "animal" et moi! Je levai la tête au niveau des ramures: Dick était haut perché. Il nous observa un court instant avant de s'enfuir, bondissant de branche en branche. Il prenait la fuite... de toute façon, il était totalement impuissant face à cette bête. Si seulement nous pouvions fuir nous aussi... je jetai un oeil derrière moi: le gouffre n'était plus qu'à deux pas de nous. Nous étions coincés! Il était temps de tenter le tout pour le tout! Je pris Rinstri par le poignet et l'entraînai avec moi, courant aussi vite que possible, et longeant le fossé par la même occasion. Il se finissait forcément à un endroit ou à un autre, il nous suffirait alors de le contourner, ensuite resterait le problème de la créature. Je regardai par dessus mon épaule: elle n'était plus en vue, je ralentis. Mon coeur battait encore à tout rompre. Où était-elle passée? Elle n'avait pu disparaître de la sorte, et nous n'avions pourtant pas rêvé... il fallait saisir cette opportunité et nous en servir à notre avantage. Je lâchai le garçon et nous continuâmes d'avancer. Le précipice s'étendait à perte de vue. C'était impossible! Il se terminait obligatoirement quelque part, il ne pouvait être infini... une petite voix me dit dans ma tête: "Et s'il l'était? Cette créature possèdait bien des dents de morse..." Ce n'était pas totalement faux...
J'entendis une espèce de rugissement sur la gauche. Je me tournai vers l'origine de ce bruit très lentement, craignant de déjà savoir de quoi il provenait... le félin se tenait là, debout, prêt à passer à l'attaque. Et l'abîme qui nous empêchait le moindre retrait... là, je l'avoue, j'étais à court d'idées. Le monstre nous avait laissé lui échapper une fois, mais probablement pas deux... je tremblais, impuissante face à cette créature, mon coeur battant la chamade. Le félin sortit ses griffes. Non, il n'avait nullement l'intention de nous épargner. Il semblait amusé de cette situation, une lueur brillant dans ses yeux, où se mêlaient la fierté et la satisfaction d'être supérieur.
Ce fut à cet instant précis que Dick revint parmi nous, non sans avoir rameuté une vingtaine de ses semblables. Ils surgirent des branchages, tombant tous d'un bloc sur le dos de notre adversaire. Ils s'éparpillèrent sur la totalité de son corps, griffant, mordant, arrachant des touffes de poils, lui pinçant les oreilles et lui recouvrant les yeux. Le monstre avait beau se débattre, les rongeurs ne lâchaient pas prise.

-Ils font diversion pour nous, viens! suggéra Rinstri.

-Mais... cette créature est dangereuse! Ils risquent de se blesser!

-Ils en sont conscients, crois-moi. Ils font cela dans l'unique but de nous aider, alors ne rendons pas leurs efforts vains.

-Bon...

Je n'étais pas du tout convaincue, et un autre problème se présenta à nous: le gouffre qui semblait s'étendre jusqu'au fin fond de la forêt. Mon guide paraissait l'avoir lui aussi remarqué, il était soucieux, réfléchissant à un moyen de nous sortir de ce traquenard. Comment faire? Je levai la tête, le feuillage des branches était dense et laissait à peine filtrer quelques rayons de soleil. Une idée fit "tilt" dans mon cerveau. Les branches...

Ils vont passer par les arbres ??? Je veux savoir la suiiiiiiiiiiiiiiiiiiiteuh ! XD lol

** mange du pop corn**

ça serra au cinéma?^^

La suite

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Rinstri


Nous étions en très mauvaise posture. D'abord cette étrange créature -qui, selon moi, provenait de la dimension démoniaque, car cette espèce m'était totalement inconnue- , puis ce fossé qui m'était lui aussi étranger. Il se passait des choses anormales, et cela ne me disait rien qui vaille. Qui pouvait être à l'origine de ces phénomènes? Je me devais d'y réfléchir plus tard, la situation étant pour le moins critique. Comment traverser un gouffre qui vous sépare de sept -voire huit- mètres du reste de la forêt? Nadia avait peut-être son idée sur la question. Je me tournais vers elle, avant de constater qu'elle n'était plus à mes côtés. Je regardais autour de moi, mais où était-elle passée?

-Par ici!

Sa voix venait des hauteurs. Je levai la tête. Elle avait escaladé un arbre comme si de rien n'était, et était perchée sur une branche supérieure aux autres. Et dire qu'elle avait accompli cette acrobatie sans que je ne m'en rende compte... j'étais vraiment perdu dans mes pensées pour n'avoir entendu quoi que ce soit...

-Alors, tu montes?

-Que... hein?!

-Cette branche passe au-dessus du précipice, nous n'avons qu'à la traverser, ensuite nous nous laisserons tomber sur la terre ferme, de la mousse recouvre le sol, cela amortira notre chute. Allez, viens!

-Je... il n'y a pas d'autres solutions?

-Je ne pense pas, à moins que tu en aies une à me proposer?

Aïe aïe aïe! J'ai absolument horreur de me trouver en hauteur, j'ai facilement le vertige lorsque je m'éloigne un peu trop du sol, cela à cause d'un stupide pari passé avec Boubil, un elfe masculin. Il était le spécialiste de l'escalade -et il l'est certainement encore- , quand, pour se nourrir, les habitants devaient aller cueillir des fruits au sommet des arbres, Boubil était toujours le premier à se porter volontaire, et il était à chaque fois le premier à atteindre les baies. Un jour, il m'avait dit qu'il était curieux de voir si j'étais capable de monter aussi vite que lui. Bien sûr, au départ j'avais refusé, mais cela l'avait froissé, il menaçait de raconter à tout le monde que je n'étais qu'un incapable, et je ne le voulais pas. Evidemment, si les elfes se moquaient de moi, les fées elles resteraient inlassablement mes amies, mais c’était différent. Les elfes avaient tous l'apparence d'enfants, ils étaient semblables à moi, en dépit de leurs oreilles pointues, je m'étais attaché à eux, et je refusais de perdre la face devant eux, je ne voulais pas qu'ils me méprisent, qu'ils me considèrent comme un moins que rien. J'avais eu beaucoup de mal à gagner leur confiance et leur amitié, moi qui avais toujours été considéré comme un intrus, une anomalie, parce qu'étant humain, je n'avais pas ma place parmi eux. Alors je refusais de les perdre, même s'il s'agissait d'un pari stupide, j'acceptai. Au départ, tout se passa normalement, je montais à un rythme régulier, en restant au même niveau que mon camarade, qui plus est, je me surpris de ma performance, moi qui n'étais jamais monté dans un arbre jusqu'à ce jour. Tout allait bien, mais je commis une grave erreur: je regardai vers le bas. Le sol me parut si éloigné... je n'osais plus bouger, j'étais si haut, si je tombais je risquais de me rompre le cou! Boubil, lui, était déjà arrivé au sommet, et ne cessait de m'encourager à faire de même, mais j'en étais incapable. Mes muscles étaient contractés, je ne faisais plus le moindre geste. Ce fut mon compagnon qui vint m'aider à descendre de mon perchoir, m'ayant accroché à une corde et me laissant glisser le long du tronc. Heureusement pur moi, cet incident avait eu lieu tôt le matin, et les autres elfes n'en surent jamais rien. De mon côté, j'en voulais à Boubil de m'avoir entraîné là-dedans, mais je lui étais aussi reconnaissant ou sinon je serais encore cramponné à mon arbre. J'avais onze ans, et je ne suis plus remonté dans un arbre depuis ce fait.

-Tu montes?

La voix de Nadia m'avait ramené à la réalité. Non, je n'avais plus onze ans, j'en avais quatorze, et j'étais dans la forêt impériale, Dick et ses compagnons retenant le démon. Je jetais un oeil derrière moi: la créature roula sur elle-même et réussit à faire tomber la quasi-totalité des écureuils. A l'aide de sa queue de scorpion, il parvint à se débarrasser des rongeurs restant, non sans les blesser. Les petits animaux n'osaient repartir à l'assaut, apeurés, et j'avais perdu Dick des yeux. Pourvu qu'il ne lui soit rien arrivé...

-Dépêche-toi! Tu préfères attendre que le monstre nous rejoigne?

Je ne savais que faire. Si je ne montais pas, Nadia finirait par penser que je n'étais qu'un couard, mais si je me hissais et que je me retrouvais de nouveau paralysé par la peur, elle se moquerait aussi de moi. Je l'imaginais à rire à gorge déployée devant ma maladresse, cela m'attrista. Depuis toujours, je n'ai cherché qu'une chose: être reconnu par les autres, me faire apprécier d'eux, être accepté selon ma personnalité, mes qualités comme mes défauts, et non selon mes actes, ou les erreurs que j'aie pu commettre. La reconnaissance de soi, voilà le but que je m'étais fixé. Je ne connaissais Nadia que depuis peu, et nous commencions à peine à bien nous entendre, mais je souhaitais que nous puissions être amis elle et moi. Il ne fallait pas que je baisse les bras, que j'abandonne par peur sans même avoir essayé. Je pris appui sur les racines noueuses de l'arbre, m'accrochant tant bien que mal à l'écorce et me hissai vers mon amie, lentement.

-C'est bon, continue comme ça, à ton rythme. Tu sais, il n'y a aucune honte à avoir de craindre le vertige, c'est quelque chose de tout à fait naturel.

Elle avait tout compris... elle avait dit juste, si bien que je détournais le visage pour éviter qu'elle ne voie ma figure rosir légèrement.

-Il faut que je teste cette branche pour vérifier si elle est assez solide. Je vais passer en premier, tu suivras quand je te le dirais, tu as compris?

J'acquiesçais d'un hochement de tête. Je progressais à la vitesse d'un escargot, mais jusque là tout allait bien. J'entendis les bases du végétal émettre un horrible craquement, semblable à celui des articulations, mais dont on aurait grandement amplifié le son. Je craignais que le monstre soit à l'origine de ce bruit. Pour m'en convaincre, il aurait fallu que je regarde en bas, et je ne pouvais m'y résoudre. De son côté, Nadia avançait à quatre pattes sur la branche, qui supportait parfaitement son poids jusque là. Elle semblait ne pas avoir entendu. Elle était trop haute... après tout, ce n'était peut-être qu'un effet de mon imagination, cependant comment en être absolument sûr? Il fallait que je sache... alors, ayant dégluti péniblement, je regardai en direction du sol. Le félin était assis sur les racines et m'observait monter d'un air avide. En plus de cela, j'étais à mi-chemin de la branche supérieure, j'étais donc situé à une hauteur qui m'apparut incommensurable. Ma tête tournait, j'avais la nausée, la sueur perlait sur mon front... mais qu'est-ce que je fichais là... j'étais inconscient... complètement fou... étais-je en train de répéter la même erreur qu'il y avait quatre ans...
La créature s'accroupit, prenant son élan, avant de bondir vers moi. Il planta ses griffes -aiguisées, tout comme sa queue et ses dents- dans l'écorce pour s'empêcher de tomber. Il m'avait manqué d'un bond mètre, néanmoins il comptait remédier à ce problème. Rusé, il escalada le tronc à un bon rythme, ce qui me remit les idées en place. Si je restais planté -pardon, accroché- là, le monstre risquait de me rattraper, et qui sait ce qu'il projetait de faire avec moi... non, il fallait que je me réveille! Je relevais la tête, décidé, et fixait la branche supérieure, sur laquelle continuait d'évoluer mon amie. J'inspirais un bon coup, détendit mes muscles -pas trop quand même, je ne tenais pas à lâcher prise- et continuait mon ascension. Centimètre par centimètre, je m'élevai, mon coeur battant à tout rompre. Avant que je ne m'en rende compte, j'étais arrivé. Avais-je ou non distancé la créature? Je n'osais de nouveau baisser les yeux.
Nadia avait presque atteint l'extrémité de la branche qui ne cessait d'émettre des craquements réguliers. C'était long, beaucoup trop long... je ne pouvais pas attendre, le démon n'était certainement plus très loin de nous. Je m'engageai à mon tour, incapable de patienter davantage. Un long craquement accompagna mon geste. Mon amie se retourna.

-Mais qu'est-ce que tu fais ?! La branche ne va pas supporter notre poaaaah!

Non, elle avait raison, le branchage avait cédé sous notre charge commune. Nous tombions. J'observai l'abîme qui se rapprochait de nous à une vitesse hallucinante. Etrangement, je n'avais nullement l'envie ni le besoin de paniquer. Je me sentais étrangement calme. Etions-nous donc toujours dans cet état d'âme avant de trépasser? Je décidai de fermer les yeux.

Un bout de suite, ça vous dit?

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Jock


Suspendu à mon hélice personnelle, je regagnai la surface par une trappe dissimulée sous un carré d'herbe factice. Mon hélice? Il s'agit d'une machine de ma création, puisque vous ne pouvez la voir, je vais vous la décrire, si ce n’est pas aimable de ma part! Non, ne me remerciez pas, tout le plaisir est pour moi. Je reprends. Mon appareil se compose d'une hélice -vous devez commencer à le savoir- à laquelle est accrochée une tige métallique. Sur cette tige est monté un moteur -bah oui, sinon à part m'envoler bien haut je ne vois pas en quoi mon engin me serait utile... non, à part faire office de hachoir à légumes, je ne vois pas...- pour avancer, parce que pour aller en ascension, ma vrille en est capable toute seule, vu qu'elle est ensorcelée -ou enchantée, c'est à vous de voir quel terme vous convient le mieux-, chose que j'affectionne tout particulièrement. Je suis en effet incapable de maîtriser tous les aspects de la sorcellerie, aussi je ne suis pas peu fier de moi d'avoir réussi à animer mon hélice de ce pouvoir, si infime qu'il soit. Zut, je papote, je papote, il est vrai que j'aime bien parler de moi, alors pardonnez-moi si cela vous importune, vous m'en voyez navré dans ce cas. Pour terminer ma description, la tige finit par se décomposer en deux filaments au bout de chacun se trouve une poignée. Oui, un peu comme un guidon de vélo, si cette image vous paraît plus claire...

Alors où en étais-je... ah oui! Je quittai le palais, ma mission n'attendant que moi pour être exécutée. Au moins c'était clair et net: intercepter les deux adolescents rescapés du village des fées et les éliminer coûte que coûte, "si possible sans attirer l'attention des quatre guerrières protectrices". Pas besoin de me rappeler ce détail, j'étais un espion, la discrétion, cela me connaissait. Côté magie, c'était beaucoup moins flamboyant, je n'étais pas armé, je n'avais sur moi qu'un casque relié à un micro -qui plus est de fabrication humaine, tout ce qu'il y a de plus banal, quoi- m'offrant une liaison directe ou en "live", comme disent certains d'entre vous- avec mon Maître pour l'informer dès que j'aurais du nouveau. Je paraissais désarmé, cependant comme je le dis toujours: "les apparences sont souvent trompeuses". Je sais, on dit "parfois" au lieu de "souvent", mais je vous rappelle que je suis un illusionniste, par conséquent, les visions, les mensonges et la tromperie sont des talents que je maîtrise à la perfection! Les prestidigitateurs à côté de moi ne sont que des larves! Hé oui, la modestie est une de mes qualités, comme vous avez pu le constater. De plus, j'avais un autre talent pour le moins particulier: j'étais capable d'invoquer des créatures de la dimension démoniaque par un simple claquement de doigts. Oui, bon, ce sont les monstres "bas de gamme", mais on ne peut pas tout avoir non plus!

Nom d'un lutin! L'heure tourne et le récit n'avance pas d'un pouce! Je suis vraiment incorrigible! Vous pouviez m'avertir tout de même que ça traînait en longueur! Comment ça, c'est pas votre rôle? Vous ne manquez pas d'air, vous! Bon, je reprends le récit ou bien l'auteur va venir me tailler les oreilles en pointes -même si je n'ai pas d'oreilles, ce ne sont que deux trous sur chaque côté de mon visage, enfin, personne n'est parfait, que voulez-vous?- et elle ne plaisante pas avec ça, croyez-moi...

J'étais en route, volant entre les arbres sans bruit, à la recherche du moindre indice qui m'eut indiqué la piste des deux adolescents. Je ne tardai pas à trouver de quoi me satisfaire: des traces de pas, humaines... voilà qui arrangeait mes affaires... les empreintes étaient distinctes sur l'herbe, visiblement, ils n'étaient pas très loin d'ici... un véritable jeu d'enfant... enfin presque... car ce n'était pas tout de suivre leur piste, il fallait également les éliminer, la partie la plus délicate de ma mission. De toute façon, je n'aurai pas à les tuer de mes propres mains, je comptais laisser une créature démoniaque s'en charger personnellement. Restait à choisir laquelle, et tout mettre en oeuvre pour qu'ils ne s'échappent pas.

Je finis par mettre le grappin sur eux. Un garçon, et une fille. Seulement voilà: lequel des deux était celui capable d'appeler l'autre à l'aide de la harpe? L'autre? Je parle de cet imbécile, l'esprit des rêves bien sûr! Un parfait idiot! Incapable d'éradiquer la malédiction jetée par mon Maître, alors qu'il en était tout à fait apte. Au lieu de cela, il s'est arrangé pour créer ce monde distinct de celui des humains... les hommes... rien que le fait d'évoquer leur nom me donne l'envie de vomir... pourquoi Lucis les a-t-il laissé en vie? Si il avait été en accord avec Sa Seigneurerie sur ce point, ils auraient pu trouver un terrain d'entente, et les créatures démoniaques ainsi que celles dites "féeriques" auraient vécus en harmonie. Mais au lieu de cela, ce stupide esprit a refusé de partager, et résultat lui et Le Tout-Puissant Tenebricosus sont en éternelle querelle, et la Terre finira par mourir, cela à cause de la bêtise humaine, et indirectement, à cause de l'esprit des rêves. Tout est entièrement de sa faute... tssk! L'imbécile!

Les deux jeunes furent bloqués par le gouffre, c'était un bon début. Je me posai sur la terre ferme et rangeai mon hélice -où? Je la fis disparaître, je suis illusionniste. Je fermai les yeux, me concentrai sur la dimension démoniaque. Avec la force de mon esprit, j'entrouvris les portes de ce monde lointain et inconnu, néanmoins suffisamment pour que certaines créatures puissent entendre mon appel. Cela fait, j'appelais le démon qui m'intéressait en prononçant distinctement chaque syllabe de son nom.

-Kûrodes...

Je terminais mon invocation par mon claquement de doigts, il apparut en face de moi dans un nuage de poussière. Je me retins -non sans difficulté- de tousser, pour éviter d'attirer l'attention sur moi. Il me dominait de sa hauteur, normal, il mesurait un bon mètre de haut et moi seulement cinquante-sept centimètres. Kûrodes n'était pas doué de parole, cependant il me comprenait lorsque je m’adressais à lui. Bien sûr, j'avais le choix d'invoquer d'autres créatures démoniaques que lui, mais j'avais l'habitude de faire appel à ce félin, et puis je m'étais attaché à lui. Surtout, il n’avait jamais échoué dans aucune de toutes les missions que j'avais pu lui confier. Je plongeai mes yeux dans les siens. Nous étions en quelque sorte frères, car il provenait de la dimension démoniaque, tout comme moi... je vous expliquerai une autre fois.

Je chuchotai mes instructions pour sa mission, il opina et s'approcha des deux adolescents en douce. Je m'avançai, je ne voulais rien manquer, mais j'écrasai une brindille sous mon pied, ce qui attira l'attention des adolescents. Et flûte! J'allais tout faire rater! Ils furent face à mon envoyé démoniaque. La fille paraissait pétrifiée, tandis que le garçon semblait réfléchir à toute vitesse. Il porta la main à sa sacoche accrochée à sa ceinture -une simple corde- puis se ravisa. Cette pochette... une puissante aura s'en dégageait. Et s'il s'agissait... non... impossible... et pourtant... si c'était bien ce que je pensais, alors le mioche avait eu raison de ne pas l'utiliser, car son élément était inefficace sur Kûrodes. Non, ce n'était probablement qu'une arme sans intérêt. Cependant, si j'avais vu juste, Le Grand Mage serait satisfait de mes services, cela dépasserait toutes ses espérances... il fallait que je m'empare de cette petite sacoche...
A ce moment-là, un autre membre du groupe -qui m'avait échappé jusqu'à présent- prit la fuite, sautant de branche en branche. Cet écureuil partait certainement afin de trouver de l'aide, des renforts... pas question que je le laisse faire... je ne pouvais pas appeler une seconde créature démoniaque, je ne pouvais en avoir qu'une à la fois sous mes ordres. A moi de jouer donc... je pris mon élan et bondis, m'accrochai à une branche et sautai à nouveau, le rongeur distant d'à peine un mètre devant moi. Comme quoi, j'étais peut-être petit, je n'en demeurait pas néanmoins léger et agile. Un des grelots de mon chapeau tinta au contact d'une feuille, j'étais repéré! Le petit animal se tourna vers moi.

Nous n'étions séparé que par deux rameaux. Nos regards se croisèrent pour la toute première fois. Je le jaugeai: plus fluet que moi, mais visiblement plus véloce. Cela s'annonçait serré... il passa à l'attaque le premier: deux bonds et il était déjà sur moi. Il s'accrocha à mon bras gauche, ses crocs solidement plantés. S'il croyait s'en tirer de cette façon, alors il se mettait la griffe dans l'oeil... je le tirai par la queue d'un geste brusque, avant de lui placer mon pied droit entre les côtes. Déséquilibré et le souffle coupé, il chuta pour s'écraser sur le sol. Je descendis à mon tour. Je le ramassai, le tenant par le cou, mes doigts serrant le plus possible en vue de l'étrangler. Il suffoquait, se débattant à peine.

-Dommage, j'avais espéré m'amuser davantage avec toi, mais ce fut bref, lui annonçais-je.

Je serrai encore mon étreinte, il n'en avait plus pour très longtemps. C'est alors qu'un détail attira subitement mon attention: une cicatrice sur son front, mais pas n'importe laquelle... une cicatrice en forme d'étoile... mais que faisait-il sous cette forme?

-Toi... cela t'amuse de prendre la forme d'un simple écureuil? Ne fais pas semblant de m'ignorer, je sais que tu me comprends, je sais aussi qui tu es... alors avant de mourir, réponds à ma question: qu'est-ce qui t'amène dans le monde de la féerie? Tu devrais plutôt être au palais, à Subrosium... réponds!

Il était à bout de force, cela se voyait. Cependant, il me regarda droit dans les yeux avec un air de défi.

-Comme tu veux, tu préfères jouer les malins jusqu'au bout, néanmoins je te souhaite d'aller rôtir en enfer, Dick!

Je serrai davantage, mes doigts fébriles à force d'être aussi crispés sur ma proie. Une détonation retentit, et un projectile me percuta, me faisant lâcher prise par la même occasion. Tout se passa en un éclair, et le temps que je réalise, mon chapeau grésillant légèrement, j'aperçus une forme humaine qui prenait la fuite... elle avait emporté l'écureuil. Je me relevai, encore sonné. Vu la taille de l'individu, il n'était pas très âgé, dix-huit ans environ, c'est tout ce que je pouvais dire. Ma tête... j'avais reçu une décharge de feu concentrée, cela faisait un mal de chien! J'étais certain qu'il ne s'agissait pas d'une des quatre guerrières, la puissance n'était pas comparable, et vu la physionomie de mon agresseur, il avait tout du moins une apparence humaine. Un humain qui se baladait dans le monde de la féerie et qui maîtrisait le feu... voilà qui sortait de l'ordinaire...

Pour ma première rencontre avec ces gamins et Dick, j'avais appris pas mal de choses... j'éteignis mon bonnet qui crépitait légèrement et jetait un oeil à la blessure que m'avait laissé cette petite peste. Ses crocs avaient pénétrés profondément dans ma chair, il m'avait mordu jusqu'au sang. Saleté! Je me remis en route et me dirigeais vers l'abîme ou j'avais laissé Kûrodes s'occuper des deux humains. Je jurai intérieurement:

-Dick! Sale rat, j'aurais ta peau...